Accord PRG PS
Engagements du Parti Socialiste et du Parti Radical de
Gauche
pour une plate-forme de Gouvernement.
Une
forte demande de changement s’est exprimée dans notre pays depuis la dernière
élection présidentielle. Elle s’accentue tous les jours, soulignant la crise à
la fois économique et sociale mais aussi politique et institutionnelle que
subissent les Françaises et les Français. Nos deux partis ont décidé d’y
répondre.
Elle
est due pour une part à un certain type de mondialisation façonnée par le libéralisme financier auquel
les trop rares règles du jeu internationales n’apportent pas une régulation
suffisante. Le processus enclenché se révélant souvent destructeur tant d’un
point de vue social qu’écologique, la croissance et ses fruits étant très inégalement répartis
sur le globe.
Mais
elle est due d’abord à une droite qui n’a pas su ni par son action intérieure
ni par ses politiques européenne et internationale faciliter l’adaptation
économique de la France aux défis de ce
début du XXIe siècle, ni apporter des
réponses concrètes aux attentes sociales
des Françaises et des Français. Bien au contraire elle a abouti à affaiblir la position économique du pays
(avec un taux de croissance inférieur à celui du Royaume-Uni, des Etats-Unis,
du Japon…….), démanteler une partie du secteur public (y compris celui,
essentiel, de l’énergie), provoquer la stagnation de la création d’emplois
(masquée par des départs en retraite), favoriser la rémunération des titres
boursiers au détriment des salaires, abandonner les plus pauvres sur le bord de
la route, provoquer révoltes des banlieues et des jeunes, accroître
l’insécurité.
Pourtant,
à rebours de ce que la droite veut nous faire croire, la France n’est pas un
pays en déclin. Elle dispose des atouts nécessaires et du potentiel humain pour réussir dans un monde
« globalisé ».
La
situation présente appelle des réponses politiques aussi nouvelles que fortes.
Les exigences qui guident nos propositions communes sont claires : la
définition et la mise en œuvre d’un mode de développement partageable et
durable, l’acceptation mais la régulation de l’économie de marché, la
production de richesses mais leur plus juste répartition, la fourniture de
biens et de services publics, la préparation de l’avenir avec une priorité « énergique »
donnée à l’éducation et à la Recherche, la sauvegarde, des équilibres
écologiques, la démocratisation de nos institutions, la relance de l’Union
Européenne et une action déterminée pour maîtriser la mondialisation.
Nous
voulons porter un projet authentiquement laïque et réformiste pour une société
française qui soit l’affaire de toutes et de tous d’où qu’ils viennent, quelles
que soient leurs convictions. Redonner l’espoir, retrouver la dynamique d’un
projet qui reconstruise un modèle social français dont chacun pourra être fier,
et pouvant inspirer démarches et dialogues au sein de l’Union Européenne
comme dans les rapports internationaux.
1) Plus que jamais promouvoir la laïcité en
France et en Europe.
La
laïcité constitue la pierre angulaire du pacte républicain : liberté de
conscience, c’est-à-dire liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer sa
religion dès lors que ceci ne porte pas atteinte à l’ordre public, égalité des
citoyens et des religions, fraternité du « vivre ensemble » dans le
respect mutuel et la tolérance.
Toutes
les religions, toutes les philosophies doivent se voir reconnaître les mêmes
droits et assumer les mêmes devoirs.
Le
maintien de la loi de 1905 dite « de séparation des églises et de
l’Etat » est donc un engagement absolu comme l’est notre volonté de donner
plus d’ampleur à toutes les cérémonies républicaines. Tout doit aussi être fait
pour promouvoir l’idéal de laïcité dans les textes et les pratiques de l’Union
européenne et des Organisations internationales, une « charte
internationale de la laïcité » devant être proposée.
Il
faut éduquer à la citoyenneté dès l’école, partout, les règles communes du
vivre ensemble (et sanctionner fermement ceux qui ne les respectent pas),
donner confiance à tous, quelles que soient leurs couleurs, leurs origines,
leurs cultures. En reconnaissant aussi la dette que la France doit à nos
anciennes colonies et à celles et ceux qui en sont issus.
Chacun
doit respecter ses devoirs pour que l’Etat puisse garantir le respect des droits
de tous. La responsabilité individuelle est un préalable essentiel à la
reconstruction d’un avenir collectif et d’une société de solidarité. L’Etat
doit garantir le respect de toutes et de tous, le droit d’être traité à l’égal
de l’autre, quelles que soient les différences, en luttant avec détermination
contre toutes les discriminations.
Dans
le même esprit laïc et républicain, nous proposons l’instauration d’un service
civique obligatoire à buts solidaire et humanitaire.
2) Etendre les Libertés Personnelles
Les
citoyennes et les citoyens de ce début du XXIè siècle ont soif de nouvelles libertés
et de nouveaux droits. Mieux informés et formés, ils savent les exprimer et se
battre pour les revendiquer créant pour se faire des associations, des
« blogs »…. Nous voulons être les défenseurs des libertés individuelles et proposer de
modifier des dispositions légales figées, ne correspondant plus aux réalités
sociales de notre époque. C’est pourquoi nous proposons :
- Le droit au
mariage pour les personnes du même sexe.
- Le droit à
l’adoption pour les personnes de même sexe unis par un PACS ou un (futur)
mariage.
- Le droit de
mourir librement dans la dignité (à la demande du malade placé sous la
responsabilité d’un comité éthique médical et lorsqu’il est médicalement prouvé
que la maladie est irréversible et que la mort est proche).
Dans
le même ordre d’idée, nous voulons renforcer la protection physique et morale
de l’individu, et luttons contre toute
forme d’esclavage moderne et en particulier les nouvelles filières de traite des personnes à des fins de
prostitution.
Par
ailleurs, en ce qui concerne « les drogues douces » (le cannabis),
nous ouvrirons un débat préparant une révision de la loi de 1970 et une régulation contrôlée par le biais des pharmacies.
3) Privilégier l’égalité des possibles.
La société Française est malade de ses
inégalités. L’ampleur des discriminations est une donnée que tout individu à la
fois masquée et aggravée par l’individualisation des comportements. Nous devons
réagir fortement contre le risque de
rupture des solidarités fondamentales aggravées ces derniers mois.
Nos
objectifs politiques sont clairs : nous voulons que soit établie l’égalité
des possibles c'est-à-dire la faculté pour toute personne, quelle que soit son origine
sociale ou son lieu de vie, d’avoir accès aux mêmes perspectives d’éducation et
d’insertion dans la société ; l’Egalité est un objectif, nous voulons
qu’elle devienne une réalité ! nous permettrons à ceux qui démarrent dans
la vie avec des handicaps dont ils n’ont pas la responsabilité de pouvoir les
surmonter et de connaître la réussit. C’est pourquoi nous défendons une école
émancipatrice, socialement mixte mettent l’être humain, l’enfant, l’élève au
centre de ses préoccupations garantissant un accès universel à une offre
scolaire équivalente partout ; soutenue par un plan massif de soutien
individualisé tout au long de la scolarité du plus jeune age au lycée et à l’entrée à l’Université, aux grandes écoles.
Nous
ferons de la sécurisation de la vie professionnelle une autre réalité
concrète :
Nous
sommes naturellement en faveur de
l’emploi durable ; sachant cependant qu’une entreprise est exposée aux aléas du marché, alors que
tout individu a droit à la protection économique et sociale de la collectivité,
nous proposons de fonder l’organisation sociale de la formation et de l’emploi
de chacune et de chacun sur un double contrat. Lors de son premier emploi, le
salarié conclura un contrat, par principe à durée indéterminée, avec une
entreprise ; simultanément un second lien, permanent, sera noué avec « un
grand service public des ressources humaines » qu’il est
indispensable de créer, et qui associera Etat, collectivités territoriales,
groupes de société et groupements d’entreprises. Celui-ci assurera la
protection de chacun face au risque de perte d’emploi, au moyen de formations
complémentaires, recherche d’une nouvelle activité, garantie de pérennité de la
couverture sociale et de la rémunération (couverture professionnelle
universelle).
4) Promouvoir une réelle intégration
dans le respect de tous
Nous
devons dans le même esprit reconstruire un nouveau modèle d’intégration.
L’immigration est un atout pour notre pays, à condition qu’elle s’accompagne
d’une politique d’accueil et d’intégration efficace notamment grâce à un projet
migratoire individuel et qu’elle s’appuie sur un véritable partenariat avec les
pays d’origine. La reconnaissance du vote des étrangers aux élections locales
un accompagnement individualisé en termes sociaux comme éducatifs, en étant des
éléments essentiels.Une véritable politique de co-développement (un sommet de
co-développement sera proposé) démocratiquement discuté avec les pays concernés
notamment ceux du pourtour de la Méditerranée et plus largement d’Afrique (mise à niveau des PMA).
5) Assurer la sécurité pour tous
La
sécurité est tout autant un droit pour nos concitoyens et un devoir pour
l’Etat. Nous connaissons l’insécurité, les incivilités qui frappent nos
concitoyens car elles touchent d’abord les plus démunis. La droite a
échoué : les agressions, les violences et atteintes à toute personne y
compris forces de police sont en augmentation notamment dans les quartiers
populaires. Parce que l’insécurité est une injustice sociale nous voulons faire
de la sécurité l’affaire de tous, alliant sanction pour chaque acte de
délinquance et prévention la plus précoce possible mais aussi transformer
l’image des forces de sécurité au sein de la population notamment auprès des
jeunes.
6) Pour un modèle de développement moderne et
durable
Un
objectif ambitieux de croissance économique doit être fixé pour favoriser la
création d’emplois, condition première du progrès social. Celle-ci doit cependant se mesurer en termes
sociaux et environnementaux autant qu’économiques et financiers. Orienter la
production et la consommation vers des modes de fonctionnement économes en
ressources et en déchets, riches en emplois non délocalisables, est l’objectif
que nous devons nous fixer.
Les
réalités de l’emploi aujourd’hui dans une économie ouverte sur le monde ne
demandent pas de mettre à bas les garanties collectives pour les salariés.
Chaque salarié a droit à la protection économique et sociale de la collectivité
et doit voir sa place d’acteur économique valorisée.
C’est
pourquoi, le déploiement d’une économie associant les valeurs d’initiative
individuelle, d’humanisme et de solidarité, doit se traduire par un projet de modernisation
sociale de la grande entreprise. Celle-ci doit être conçue comme une communauté
d’acteurs, dont les droits doivent recevoir une égale consécration, par des
mesures tendant à un partage plus égal de la gouvernance de l’entreprise entre
actionnaires et salariés (entreprise à gouvernance partagée), comme à une
répartition objective et équitable de ses profits.
Aussi elle doit amener par une reconnaissance plus
nette et surtout un appui au développement des coopératives, mutuelles,
associations et fondations constituant une « Economie Sociale » déjà
très dynamique et partenaires indispensables d’une croissance à valeur ajoutée
sociale.
La
puissance publique doit être animée par une volonté forte d’actions
d’impulsion, de régulation et d’innovation ; elle doit être porteuse d’une
stratégie économique cohérente et pour cela se doter d’une politique industrielle
active, de la définition des missions de service public et de moyens d’actions
financiers. L’effort fiscal et social doit être fondé sur une juste
répartition, tant pour les particuliers que pour les entreprises, pour les
premiers, il doit être en totalité progressif, ce qui implique notamment
d’aller vers un impôt unique personnel
et progressif, vers la fusion de l’IR et de la CSG ; pour les secondes, il
doit tenir compte de l’effort d’innovation environnemental et social
(modulation des taxes en fonction d’indicateurs de Responsabilité Sociale et
environnementale…), du respect de l’ancrage territorial (impôt sur les
bénéfices de type mondial et consolidé).
7) Fonder une République nouvelle
Le
parti socialiste et le parti radical de gauche réaffirment leur attachement à
notre modèle républicain. Pour la prochaine législature, ils s’engagent sur une
réforme des institutions, le renouvellement de la démocratie sociale ainsi
qu’une nouvelle étape de la décentralisation.
Notre
démocratie doit être profondément renouvelée. Nous devons
répondre à une triple attente des citoyens. Ils veulent, premièrement, se
sentir mieux représentés, avec des élus à l’image de la diversité de la
Société, deuxièmement, des élus et des gouvernements qui assument pleinement
leurs responsabilités, troisièmement, pouvoir être consultés plus régulièrement
dans l’élaboration des politiques publiques.
Après
une victoire de la gauche lors des élections présidentielles et législatives,
nous proposerons un référendum, pour soumettre aux Français une réforme
institutionnelle de grande ampleur. Le quinquennat a accéléré le temps
politique.
Il
faut rééquilibrer les pouvoirs au sein de l’exécutif et renforcer le pouvoir du
Parlement (limitation quantitative renforcée et limitation dans le temps des
mandats électifs, par le Parlement…). La représentativité de l’Assemblée
Nationale sera également confortée par l’introduction d’une dose de
proportionnelle dans l’élection des députés. Une initiative législative
citoyenne permettra d’avancer vers plus de démocratie participative.
La
démocratisation de nos institutions exige une réforme de la justice. Notre
système judiciaire doit être rénové dans son fonctionnement tant pour la
justice civile que pour la justice pénale.
Le
renouvellement de la démocratie sociale. Notre système de relations et de
représentations sociales est à bout de souffle. La loi « Fillon » de
Mai 2004 sur le dialogue social n’a rien réglé. Nous proposons de retenir
quatre principes fondamentaux sur lesquels nous voulons renforcer notre
démocratie sociale :
- Le droit de
chaque salarié à élire le ou les représentants de son choix,
- La
représentativité des organisations syndicales fondée sur le vote des salariés,
- Les accords
collectifs majoritairement validés pour être valables,
- La
complémentarité de la négociation collective et de l’action législative.
Cette vaste réforme fera l’objet d’une concertation
avec les organisations syndicales et patronales.
Le Conseil Economique et Social sera rénové et ouvert
aux nouvelles forces sociales et pourra faire l’objet de saisines de la part
des syndicats et associations.
Une
nouvelle étape de décentralisation
Les
collectivités locales sont désormais des acteurs incontournables. Il est temps
de renouer avec le principe de démocratie et de justice qui guide le mouvement
décentralisateur depuis 1982. Il faut donc faire franchir à la décentralisation
une troisième étape qui répare les conséquences de la seconde, et remette la
décentralisation sur la bonne voie. Rénover la démocratie locale signifie
d’abord rapprocher encore et toujours l’élu local du citoyen. Il faut que
les intercommunalités se démocratisent réellement avec l’élection directe de
leurs représentants à travers les élections municipales. La décentralisation
doit être simplifiée, les compétences et les missions des différentes
collectivités précisées. Sans qu’il s’agisse de compétences exclusives, il faut
recentrer les régions sur la stratégie économique et les grands aménagements,
les départements sur la solidarité, les communes et les intercommunalités sur
ce qui relève de proximité quotidienne. L’esprit décentralisateur suppose enfin
une vraie solidarité financière, des impôts plus justes et une péréquation pour
des collectivités plus autonomes. Les outres mers sont une chance pour la
République. Il s’agit de permettre
l’affirmation des identités ultra marines au sein d’une République qui
s’accepte et se revendique multiculturelle. Les Outres mers symbolisent la
diversité culturelle et la tolérance. Raison de plus pour faire jouer sans restriction la solidarité nationale en
leur faveur.
8) Relancer la Construction Européenne
Les
Radicaux de Gauche et les Socialistes défendent le principe d’une relance de la
construction européenne. Le futur gouvernement devra proposer à ses partenaires
européens : la substitution au projet de Constitution d’un simple projet
de Traité, reprenant les parties I(adaptation des institutions) et II (Charte
des droits fondamentaux) du projet de Constitution qui sont indispensables au
fonctionnement de l’Europe à 25 comme au progrès des droits et libertés, et qui
ne rencontrent, à gauche, que très peu d’objections.
L’Europe
doit continuer à s’ouvrir en aidant réellement les pays candidats à protéger
les droits de l’Homme et respecter les diversités culturelles.
9) Démocratiser les organisations internationales et
rééquilibrer les relations Nord-Sud
Nous privilégierons trois directions d’action pour
changer les règles de la mondialisation. D’abord, la mise en œuvre d’une
réforme de la « gouvernance mondiale », en ouvrant le Conseil de
sécurité de l’ONU aux pays du Sud, en proposant la constitution d’une véritable
« ONU économique » se substituant au G8, en organisant une
coordination entre les organisations telles que l’OMC, l’OIT et ce qui devrait
être une Organisation Mondiale de l’environnement. Ces organisations
internationales, avec le FMI, la Banque Mondiale auront l’obligation de prendre
en compte des règles mondiales de responsabilités humaines, sociales,
environnementales. Ensuite, nous devons rendre les échanges Nord/Sud plus
équitables et assurer le financement du développement. Nous proposons une
annulation totale de la dette des pays les plus pauvres. Nous proposons
également la création d’un Fonds mondial d’aide au développement humain alimenté
par une fiscalité internationale. Enfin, nous voulons promouvoir le
développement durable en veillant à la mise en œuvre des engagements du
protocole de Kyoto avec une pénalisation des pays non signataires ainsi qu’un
plan mondial de l’eau.
François HOLLANDE Jean-Michel BAYLET
Premier secrétaire du Parti socialiste Président du Parti Radical
de Gauche